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Qu’est-ce qu’un entrepreneur innovateur selon Joseph Schumpeter

L’entrepreneur est « le révolutionnaire de l’économie ». Joseph Schumpeter en effet, notamment dans Capitalisme, Socialisme et Démocratie, acteur essentiel de l’évolution économique, un agent radicalement différent du producteur et du consommateur conçu par la théorie économique. Il affirme que l’entrepreneur vit en dehors de l’économie standard, dont il perturbe la logique managériale et utilitariste.

L’entrepreneur est un agent économique exceptionnel . Pour Schumpeter, en effet, son comportement et sa psychologie ne correspondent pas à ceux de l’homo economicus, défini notamment par l’utilitarisme et la routine. « Choisir de nouvelles méthodes, écrit l’économiste, n’est pas évident et n’est pas sans plus un élément conceptuel de l’activité économique traditionnelle, l’image de l’égoïsme. L’individualiste, le rationnel et l’hédoniste ne le comprend pas exactement » (The Theory of Évolution économique). Ainsi, l’entrepreneur se caractérise par des motivations et des comportements différents, dont la réalisation nécessite des qualités exceptionnelles. Schumpeter montre qu’il échappe aux cadres sociaux habituels à la fois pour des raisons de satisfaction personnelle et par celles de sa réussite économique. Il est motivé à la fois par le désir de renouveler la réalité économique et par l’ambition de créer un empire qui soit un signe de sa puissance. Schumpeter affirme que ces objectifs poussent l’entrepreneur à ne pas optimiser la rationalité, dans la mesure où il ne sauve pas ses efforts et ne s’attend pas à plus de plaisir — il le trouve plutôt dans l’effort lui-même. En particulier, l’entrepreneur possède des qualités exceptionnelles de vision et de volonté. Il est capable de voir les choses sans pouvoir se justifier, par intuition, et de se donner un horizon inconnu, radicalement incertain, qui ne rentre pas dans le champ de l’anticipation rationnelle.

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Schumpeter considère l’entrepreneur comme le héros du capitalisme

L’entrepreneur est le principal acteur de l’économie . En particulier, pour Schumpeter, il est le fer de lance de l’innovation : il combine en soi l’esprit de décision et la capacité de découvrir, dans la masse des innovations scientifiques, celles qui permettent, d’une part, d’augmenter la productivité (innovations dans le processus, le mode de production, les matières premières), et sur le d’autre part, pour répondre à une demande qui n’a pas encore été révélée (innovations produits, outlet). Sans cela, le progrès technique resterait lettre morte. Cependant, l’innovation est au cœur du processus économique : « le processus capitaliste total, écrit Schumpeter, n’est rien d’autre que l’exploitation de telles opportunités lorsqu’elles entrent dans le champ d’action de l’entrepreneur » (Capitalisme, socialisme et démocratie). En fait, l’économiste définit la croissance économique comme un processus de « destruction créative » : les entreprises obsolètes vont en faillite et sont remplacés par de nouveaux dont les fondateurs ont conçu des produits innovants qui répondent à la demande. Par conséquent, les cycles économiques s’expliquent par le progrès technique, et en particulier par les « pôles d’innovation » : les entrepreneurs et les innovations apparaissent regroupés après et autour de l’innovation radicale. Pour Schumpeter, l’entrepreneur joue donc un rôle crucial dans l’économie : il est à l’origine de la création de richesses, d’emplois, du progrès technique et de l’amélioration du bien-être.

L’entrepreneur est le champion de la bourgeoisie . Schumpeter lui attribue une fonction sociologique précise au sein de la classe sociale dominante. S’il ne s’agit pas forcément d’un élément de cette couche au début de sa carrière, il ne s’agrège pas moins en cas de succès. La classe bourgeoise l’absorbe, lui, sa famille et ses parents ; en même temps, elle recrute et se renouvelle constamment. Économiquement et sociologiquement, directement et indirectement, il ne survit qu’en lui et à travers lui ; Schumpeter imagine que sans les qualités de cette personnalité supérieure, telles que l’énergie, la volonté, l’inventivité, la combativité, etc. — qualités paradoxalement en conflit avec les priorités de la classe bourgeoise du confort et la sécurité, ou l’absence de tension, le combat de classe serait perdu. Ainsi, l’entrepreneur appartient à la bourgeoisie sans en être vraiment un : « les expériences et les habitudes de vie bourgeoises », décrit l’économiste, ne font pas partie de celles qui développent une fascination personnelle. Un génie des affaires peut être et est souvent parfaitement incapable de fermer le bec d’une oie, que ce soit dans un salon ou sur une plateforme électorale. » (Capitalisme, socialisme et démocratie). Pessimiste, cependant, Schumpeter prédit la disparition de l’entrepreneur au profit du planificateur, car le capitalisme se transforme naturellement en une économie planifiée par l’autodestruction de la concurrence.

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